jeudi 10 décembre 2015

Le Don d'organes: pourquoi ont-ils peur ?

Pourquoi un refus de donner ses organes ?

Mais pourquoi certaines personnes ont tant de mal à accepter l’idée du don d’organes ?
Quels sont leurs craintes, leurs peurs potentielles?
Voici quelques questions que peuvent se poser les sceptiques.

Entre tabou et sacrilège

Donner une partie de son corps ou accepter que cela soit fait sur un proche n’est pas forcément une démarche facile et spontanée.  Cela peut se heurter à des résistances et des peurs - inconscientes ou conscientes - très profondes.
Et ce d’autant plus que ces situations nous renvoient à des interdits très anciens. Rappelons-nous que Rabelais devait voler les corps dans les cimetières pour pouvoir faire des dissections.
Prélever un organe peut être ressenti par certains comme un vol, comme un irrespect du corps, comme une démarche utilitariste qui nie la dignité humaine.


Devoir penser à sa propre mort

Le sujet ne vient que rarement sur la table. Penser au don d’organes implique d’envisager sa propre mort.
Beaucoup de personnes craignent leur disparition, et quand ils l’évoquent, c’est dans un futur lointain. De plus, se pencher sur cette question peut réveiller de profondes superstitions ou donner l'impression que cela va provoquer de la malchance.
Une autre crainte concernant le don d’organes est le fameux : « J’aurais trop peur d’être vivante au moment du prélèvement. »
Dès lors, à la complexité d’admettre son décès s’ajoute la réalité du prélèvement.
Comme celui-ci s’effectue dans le cadre de la mort encéphalique (toutes les activités cérébrales sont définitivement arrêtées et les neurones se détruisent) et que les médecins gardent les organes artificiellement en fonction, rien ne signale visuellement le décès. Cela peut donner l'impression que l'on n'est pas mort.
Pour les rassurer: la mort cérébrale doit obligatoirement être confirmée par 3 médecins totalement indépendants de l'équipe de transplantation.

La hantise du morcellement

Ils ont difficile d’accepter l’idée que ce corps qui assure notre « harmonie » soit éparpillée. Notre intégrité est attaquée, et l’image de notre enveloppe abîmée.
Pour eux, accepter le prélèvement reviendrait à se "disloquer". Toujours dans le passé, les médecins qui y avaient accès « à notre corps »ne pouvaient le faire que s’il s’agissait de soigner. La fin justifiait les moyens. Dès lors, aujourd’hui, certains pensent que quand le patient est mort, on ne l’ouvre plus pour le sauver mais pour "l’utiliser". Soit c'est vrai. Mais "on l'ouvre" uniquement pour sauver d'autres humains .... Cela peut s'appeler de la solidarité !


Un lien charnel

Les familles aux prises avec le décès d’un proche doivent parvenir à surmonter le déchirement physique et la peur de la perte qu’entraîne l’autorisation de prélèvement des organes. Le seul lien qui reste et qui les noue à l’autre est charnel et sensoriel, puisque toute autre communication est rompue.
S’y ajoute parfois un énorme sentiment de culpabilité quand les proches autorisent le prélèvement.

Qu'en pense les religions ?

Cela fera partie d'un futur article mais clairement, les principales religions se prononcent en faveur du don d’organes.
Les lignes de conduite qui sont à la base même de l’éthique se rapportant aux dons d’organes (le respect de la volonté du donneur potentiel, la garantie du caractère irréversible de la mort, le respect du corps du donneur) satisfont leurs exigences morales et elles considèrent même que c'est un acte de solidarité et de combat pour la vie.

Comment alors dépasser ses peurs ?

Seriez-vous trop conservateurs pour vouloir garder précieusement l’intégralité de nos organes bien à l’abri dans notre cercueil ?
Est-il juste que les personnes refusant de donner ses organes puissent bénéficier, en cas de besoin, d'une greffe d'organes ?
N'est-ce pas le devoir d'un médecin de privilégier la restauration de la vie en prélevant des organes sur un sujet décédé qui n'en a plus l'usage, pour le greffer sur d'autres patients qui eux, ne vivront que grâce à cette opération salvatrice ?
Ne seriez-vous pas émus ou au moins touchés de savoir qu’en faire don sauvera des vies ?
Seriez-vous en fin de compte de réels égoïstes pour préférer « jeter » que de donner ?
Même si la formule frise la vulgarité, c’est bien de cela qu’il s’agit. Il nous faut réaliser que faire don de nos organes est bien plus qu’un geste citoyen.
C’est une possibilité de faire de chacun de nous un héros.

Via Catherine Labelle (Montréal)

Encore un doute ?

Le mieux est de s’informer, parler, lire et réfléchir pour finalement réaliser que donner un organe, ce n’est pas que la mort, c’est aussi, donner la vie.
C’est un geste infiniment salvateur et peut-être même un geste d' échange. Qui peut dire si nous serons pas aussi sauvés, demain, par une personne qui aura surmonté ses craintes.
En faisant ce geste, nous contribuons à ce qu’un ou plusieurs êtres vivent.


En Anglais, mais les images veulent tout dire !

En conclusions:

« C’est un instant de grâce entre humains. » (Karl-Leo Schwering)
MERCI
D'y penser ! Mais surtout de le faire !

Sources:
- « Psychologies »  2009 - 2013 Articles: - "Surmonter sa crainte" et - "Pourquoi nous avons peur ?"
- Espace-ethique.org

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